Introduction du numéro de la Revue d’Economie Financière consacré au système financier indien

 

Ce texte a été conjointement écrit avec Jean-Joseph Boillot pour l’introduction du numéro de la Revue d’Economie Financière que nous avons coordonné sur « Le système financier indien. Entre ouverture et modernité ». Ce dernier est confronté à la nécessité d’une deuxième vague de réformes. Celles des années 1990 avaient essentiellement desserré le carcan public sur les ressources financières du pays et modernisé les banques – totalement balkanisées – ainsi que le système financier national plus largement, tandis que l’Inde avait plutôt bien géré son ouverture graduelle à la finance mondiale. Or tous les articles de ce numéro convergent vers le même constat : si l’économie indienne a fait preuve de résilience dans la crise actuelle, c’est largement dû à la prudence de ses réformes financières qui ont laissé une place de choix aux régulateurs, en premier lieu la banque centrale indienne (Reserve Bank of India – RBI), la clé de voûte de la gestion de la globalisation financière.

Mais la contrepartie en est la multiplication des paradoxes. L’insuffisante modernisation du système financier limite la mobilisation de l’épargne intérieure et son orientation vers le financement productif des principaux goulets d’étranglement de la croissance de moyen terme comme les infrastructures. Dès lors, l’ouverture financière a joué un rôle crucial dans ces domaines, comme on le voit bien avec la Bourse indienne, dont près de la moitié des flux de capitaux viennent de l’extérieur, ou encore avec les grands groupes indiens qui ont de plus en plus profité de la fenêtre des ECB (external commercial borrowings) pour le financement de leurs programmes d’expansion les plus importants, y compris dans les infrastructures, de plus en plus ouverts aux partenariats publics-privés.

Autre paradoxe, celui de l’inclusion financière. Les réformes libérales qui se sont intensifiées au début des années 2000 dans le domaine bancaire ont essentiellement bénéficié aux classes moyennes supérieures urbaines, ainsi que le montrent l’explosion des cartes de paiement et l’accès au crédit à la consommation ou immobilier. On a pu croire un moment que l’essor de la microfinance pourrait pallier le risque de dualisme financier et garantir l’élargissement du marché intérieur. Mais les deux compartiments étaient loin d’être étanches, de sorte que le surendettement du système commercial a rapidement impacté le refinancement des institutions de microfinance, précipitant la crise qui a éclaté en 2010.

Le résultat de ces paradoxes est la mise à nu actuelle des défis du système financier indien.

Pour lire cette introduction, cliquer ici